Nous y sommes. Après une phase de pré-collecte de huit mois, un record historique sur notre plateforme, la levée de fonds citoyenne de Velcorex est officiellement ouverte ! Derrière ce silence radio, une histoire de cuisine interne pouvant valoir à notre équipe d'analyses les titres honorifiques de chefs étoilés à la crémerie de l'impact. Explications et retour sur la nouvelle recette Velcorex qui risque de donner du fil à retordre à la toute-puissance de la fast fashion.
S’intéresser à l’avenir du textile, c'est s’intéresser à Velcorex
Petite piqûre de rappel. Si son nom peut sonner comme celui des médicaments que l’on retrouve sur les étals des pharmacies, Velcorex se révèle être une cure permettant à notre industrie textile de guérir de ses maux sociaux et environnementaux. Rassemblant plusieurs ateliers de manufacture textile (velours, coton, viscose, fibres libériennes…), le groupe industriel situé dans le Haut-Rhin est en passe de voir son impact devenir systémique. C'est parce que ses usines séculaires ont réussi le pari de préserver leur savoir-faire ancestral que le groupe “Velcorex - Emanuel Lang” (plus exactement), porté par son visionnaire fondateur Pierre Schmitt, se permet de ne pas faire dans la dentelle en termes d’ambition. Son objectif ? Rien de moins que de relocaliser l'ensemble d’une filière textile, durable et de renom, disparue il y a 20 ans : celle du lin. Un projet d’envergure qui semble pourtant de plus en plus réaliste.

Aujourd’hui, 90% du lin produit en France est exporté dans des pays à la main d'œuvre moins chère pour y être tissé et transformé... avant de revenir dans nos contrées. Un circuit dramatique pour notre planète au regard des 1,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre (GES) émises chaque année par le secteur du prêt-à-porter, représentant à lui seul 10% des émissions mondiales. Face à ce constat, il est devenu aussi capital qu'urgent pour Pierre Schmitt et ses équipes d’engager cette profonde révolution industrielle en réhabilitant les matières naturelles et le savoir-faire textile du Haut-Rhin.
Des ateliers ancestraux dans un groupe précurseur
La fibre écologique et sociale chevillée au corps, Pierre Schmitt s’engage dès les années 90 dans le sauvetage d’entreprises en difficulté financière de sa région alsacienne, très fortement impactée par le chômage depuis les vagues de délocalisation. De la création de Philea Textiles en 1998 (crêpes et soieries) à la reprise de l’usine textile haut de gamme Emanuel Lang en passant par le rachat à la barre des ateliers de tissage artisanal de luxe Tissage des Chaumes et Velcorex Since 1828 (unique manufacture de velours en France!), Pierre Schmitt a su engager ses collaborateurs et ses clients jusque dans l’adversité.

En mai dernier, lorsqu'un incendie fait partir en fumée une partie considérable du matériel de l'usine Emanuel Lang, c'est un élan de solidarité sans précédent qui voit le jour de la part de marques clientes du groupe. À son origine : Asphalte, l'un des noms les plus en vogue dans le prêt-à-porter masculin responsable. L’initiative, une cagnotte solidaire, est immédiatement suivie et relayée par d’autres pionniers du made in France dont Velcorex est fournisseur. Parmi eux, l’enseigne de jeans 1083 et la marque de prêt-à-porter Loom qui lutte contre la fast-fashion avec son crédo “moins mais mieux”. Deux entreprises qui ont également fait le choix du financement citoyen avec LITA.co !
Velcorex x LITA.co : tisser une stratégie financière solide
L’impact du groupe Velcorex - Emanuel Lang est triple : social, environnemental et économique. Ça, chez LITA.co, nous l’avons bien compris. C’est pourquoi en parallèle de la campagne de financement participatif, dans les coulisses, c’est un réel travail de soutien et d’accompagnement de proximité qui s’est joué ces derniers mois. En réalité, notre rencontre avec Pierre Schmitt remonte à plus d’un an et demi. Si le financement de ses projets de croissance nécessitait de lever des fonds, pas question pour Pierre Schmitt de négocier son combat pour la durabilité et le développement long terme. Travailler sur des projets d’innovations comme les matériaux bio-sourcés nécessite un temps incompressible de R&D. C'est après avoir refusé plusieurs investisseurs professionnels désalignés avec sa vision qu'il découvre la philosophie de LITA.co et s'enchante à l'idée d'un financement citoyen. Des citoyens qui pourront faire corps avec Velcorex et son projet de reconstruction de filière, comme l'ont symboliquement fait jusqu'alors ses salariés et clients. L'engouement pour la levée de fonds sur notre plateforme, avec quelques 1 500 personnes ayant déposé une intention d’investissement, a démontré la pertinence de la stratégie.
Suite aux reprises consécutives des usines en situation de grande difficulté, le groupe présentait toutefois 3 points critiques nécessitant un temps de travail conséquent avant de pouvoir ouvrir les souscriptions : un montage juridique complexe, des états financiers passés non consolidés et un business plan à développer. C'est là que notre équipe d'analystes est entrée en jeu, appuyée par un cabinet d’expertise comptable mandaté par Velcorex. Résultat : une restructuration juridique simplifiant le montage du groupe (la holding est passée d’un statut de société civile à celui de SAS afin de gagner en flexibilité dans la détention et la gestion du capital), des comptes désormais consolidés depuis 2018, un BP à 5 ans entité par entité et une réorganisation de la gouvernance avec la mise en place d’un comité stratégique composé de l’équipe dirigeante, d’experts indépendants et d’un représentant de LITA.co ! En parallèle, notre équipe a travaillé à offrir un nouveau produit financier sur-mesure permettant de répondre aux enjeux d’innovation de Velcorex tout en lui permettant d’honorer son carnet de commandes déjà bien fourni.
Un environnement favorable et des voyants au vert
Avec un projet qui pouvait paraître risqué à quelques égards, Pierre Schmitt a finalement réussi à consolider un groupe qui est aujourd’hui le principal acteur de la production textile haut de gamme française (Comptoir des Cotonniers, Agnès B, Atelier Loden, Païsan, Bonne Gueule…) et qui distribue aussi via sa marque de prêt-à-porter Matières Françaises. Salariant aujourd'hui 150 personnes, l'entreprise devrait en recenser 180 un an après la levée de fonds, sans compter l'intégration des pensionnaires d’un ESAT (Établissements ou Services d’Aide par le Travail) dans sa chaîne de production. Ce n’est pas tout : en sus de ses plus de deux millions d’intentions d’investissement citoyen via LITA.co, Velcorex convainc investisseurs privés et publics en étant en lice pour des subventions nationales, régionales et européennes. Cerise sur le gâteau : grâce à son alliance stratégique avec le producteur de référence de machines textiles N.Schlumberger, Velcorex est lauréat pour le projet FL-ECO d’une subvention à hauteur de 2,5 millions d’euros dans le cadre du plan de relance pour l’industrie et les secteurs stratégiques porté par la BPI. Pour faire court, aucun acteur de la production textile ne dispose aujourd’hui en France d’un écosystème plus favorable que celui de Velcorex.
Dans le cadre de la levée de fonds, les moyens seront investis dans la Recherche et Développement de ces fibres naturelles. Ça tombe bien, le lin en fait partie, tout comme le chanvre dont les cultures sont très répandues dans le Grand Est, ou encore le Lyocell (également connu sous le nom de Tencel). Autant de composants dont l’empreinte écologique est relativement faible, car issus de cultures moins gourmandes en eau, en engrais et en pesticides. Une réhabilitation de ces matières nécessaire lorsqu’on sait que 70% des fibres synthétiques de nos vêtements sont des dérivées du pétrole. Ces matériaux bio-sourcés sont moteurs de la transition énergétique car ils pourront non-seulement servir à la filière textile mais sous forme de composites devenir de parfaits substituts aux fibres de verre ou de carbone, autant d’éléments polluants utilisés dans le bâtiment, le mobilier ou encore la décoration. Les réglementations de l'Union Européenne actuelles et à venir jouent en faveur de Velcorex qui a pour but de devenir leader du marché de la production linière. Une ambition concordante avec les priorités du plan de relance de la filière textile qui portent notamment sur le développement de l’économie circulaire et des matériaux bio-composites.
Une seule chose à retenir, c’est sûr : aujourd’hui, s’intéresser à la filière textile, son avenir et son impact, c’est s’intéresser à Velcorex.