À l’image de toutes ces entreprises qui se mettent « au vert », la finance ne fait pas office d’exception. Cette finance auto-proclamée verte, est-elle une illusion ? Dans leur essai - qu’on vous conseille par ailleurs - Alain Grandjean et Julien Lefournier soulignent en tout cas ses controverses, révélant au grand jour les mécaniques de marché propices au greenwashing (L'illusion de la finance verte - 2021).
En 2007, les marchés boursiers semaient leurs premières graines en matière de finance durable avec les green bonds, obligations dites vertes destinées à financer des projets qui participent à la transition écologique et énergétique. Un marché qui pèse aujourd’hui 1 000 milliards de dollars mais sujet à des questionnements justifiés, tant le fonctionnement des marchés financiers est opaque et mal connu. Les auteurs dénoncent notamment le principe de la « prime verte » (aussi appelée greenium), correspondant au pourcentage de rendement auquel l’investisseur accepte de renoncer pour permettre à l’entreprise d’accéder à un financement moins cher qui l'encourage dans sa démarche de transition. Mais avec une moyenne de 0,02%, la prime verte apparait comme une concession dérisoire et sans impact. Sans régulation, les marchés financiers, verts ou pas, sont livrés à eux-mêmes et à ce qu’ils savent faire de mieux aujourd’hui : maximiser le rendement avant toute chose.
Transformer la finance de l'intérieur
Pour transformer la finance, plusieurs leviers sont mis en place chez LITA.co Tout d’abord le financement de l’économie réelle exclusivement, qui permet des investissements non spéculatifs dont les impacts socio-économiques sont concrets et visibles. On parle aussi beaucoup de transparence. En coupant les intermédiaires, l’investissement devient réellement traçable. On aime parler d’investissement en « circuit-court » où l’investisseur fait son marché et échange directement avec les entrepreneurs.
Mais il y’a aussi une autre façon d’encadrer l’impact : façonner de nouveaux produits financiers aux mécaniques innovantes. À l’image des social bonds au Royaume-Uni, ou plus exactement du contrat à impact social où l’investisseur privé finance un acteur social répondant à une problématique. Dans le cas où la solution mise en place grâce au financement est un succès, et selon les résultats mesurés par un évaluateur indépendant, alors les pouvoirs publics remboursent l’investisseur. Réinventer les codes de la finance pour qu’elle puisse elle-même devenir garante des engagements socio-éco-responsables des entreprises, c’est ce qu’on a voulu faire avec la prime d’impact.
Cette prime qu'on espère ne pas vous verser
On parle de prime d’impact dans le cadre d’investissements en obligations. Pour mieux comprendre l’investissement en obligations, nous vous invitons d'ailleurs à consulter notre page dédiée. Le principe est simple, cette prime représente un pourcentage supplémentaire du montant de l'obligation, qui se rajoute à la rémunération initiale des obligations. Tout son intérêt et enjeu, réside dans le fait qu’elle soit directement indexée à un ou plusieurs indicateur(s) d’impact clé(s). Ceux qui illustrent le mieux l’impact positif à long terme de l’entreprise émettrice. De façon annuelle ou à l’échéance de la durée de l’emprunt obligataire, le versement de la prime à l’investisseur est conditionné à l’atteinte ou non des objectifs d’impacts déterminés par ces indicateurs.
La mesure et le suivi de l’indicateur de référence peut se faire par notre équipe d’analystes (par exemple : nombre d’emplois en insertion créés) sur un base déclarative de l'entreprise, à partir de documents vérifiables (factures, contrats de travail...). Par contre, si l’indicateur est complexe à évaluer (par exemple : volume d’émissions de CO2), il sera alors monitoré par un auditeur tiers indépendant.
Cette prime d'impact présente deux avantages :
- Pour l'entreprise, elle permet d'accéder à un coût d’emprunt plus bas que le marché (sans prime). Elle ne paiera le prix fort que si ses engagements ne sont pas respectés.
- Pour l’investisseur, elle permet de sécuriser le caractère durable de l’investissement. Comme une pénalité, la prime incite l’entreprise aux meilleurs efforts pour réaliser son ambition d’impact.
Nos obligations vertes avec prime d'impact
Contrairement aux obligations d’impact pour des entreprises de l’ESS-E (économie sociale, solidaire et écologique), où elle fait l’objet de discussions autour, entre autres, de la mesurabilité de l’impact, la prime est appliquée systématiquement dans le cadre de nos obligations vertes, puisqu’il s’agit d’investir dans des entreprises en transition.
Afin d’enclencher une décarbonation massive de l’économie face à l’urgence climatique, nous avons développé l’offre « Transformation ». Une nouvelle offre dédiée aux entreprises conventionnelles opérant dans des secteurs polluants. L’objectif est de permettre aux particuliers de financer les plans de transformation bas carbone de ces acteurs économiques, qui souhaitent participer au-delà des exigences règlementaires et de de leur plein gré, à l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone de la France à 2050 (SNBC – Stratégie nationale bas carbone).
Ici la prime d’impact, condition sine qua non des obligations vertes, est plus importante. Lorsque pour les obligations à impact émises par les entreprises de l'ESS-E, elle varie entre 1 et 2%, elle se situe plutôt autour de 4% pour les obligations vertes émises par les entreprises en transition. Une pénalité financière significative, poussant l’entreprise à une obligation de résultat.
Avec cette prime d’impact concrète, nous entendons bien chez LITA.co, engager largement autour d’une finance réellement responsable, et sortir du mirage qui la caractérise encore majoritairement.