L'argent a de l'influence. Par exemple, quand vous dépensez votre argent durement gagné chez McDonalds, cet argent n’aura pas le même effet que si vous l’aviez dépensé au magasin bio local. Derrière ce que nous achetons se cache souvent un très long processus dont nous ne voyons qu'une toute petite partie : le résultat, ce sur quoi nous mettons la main. Même nos plus petits choix ont des conséquences, que ce soit sur l'environnement ou encore sur les conditions de travail. Lorsque nous consommons raisonnablement, chaque euro que nous dépensons a le potentiel d'apporter un changement positif. L'argent a de l'influence. Mais pour que cette influence soit positive, encore faut-il l’orienter dans la bonne direction. Comment faire ?
Le covid-19 a provoqué un sursaut collectif. D’un côté, cette crise a mis sous nos yeux toutes les lacunes de notre société. Considérons alors cette crise comme un signal d'alarme pour faire mieux, comme un véritable tournant. Et qui donc voudrait revenir à la normale ? Car ce sont nos vieilles habitudes qui posaient problème. D’un autre côté, la crise sanitaire a donné un nouveau souffle à la solidarité. Nous nous rendons compte à nouveau qu'ensemble, nous pouvons faire de grandes choses. En effet, nous, les Belges, disposons ensemble de 257 milliards d’euros sur nos comptes d’épargne. Un trésor dormant et pourtant plein de potentiel. Si un pour cent de la population belge investissait une petite partie de ses économies dans les start-ups, des centaines de jeunes pousses verraient le jour, ce qui représente des milliers de nouveaux emplois.
Rob Wijnwerg a souligné dans De Correspondent que le changement climatique est un peu comme une pandémie, mais au ralenti. Une crise d'une ampleur encore plus importante que le Covid-19, dont la menace invisible ne cesse de grandir : elle est donc d'autant plus dangereuse. Toutefois, il y a aussi une bonne nouvelle : nous pouvons combattre ces deux crises en même temps. D'une pierre deux coups. Face à la crise sanitaire actuelle, et avec notre volonté de faire mieux, nous pouvons tous investir, ensemble, dans une économie au service de l'homme et dans le respect de notre planète. Et non plus au service de la seule maximisation du profit.
Bien que les investissements durables soient de plus en plus populaires, ils ne représentent encore qu'une infime partie du capital utilisé. Dix pour cent de tous les fonds existants, et seulement un pour cent des comptes d'épargne, sont durables. C'est trop peu.
Bien sûr, la responsabilité ne se situe pas seulement au niveau individuel, elle situe aussi au niveau institutionnel. Les pouvoirs publics ont un rôle majeur à jouer pour orienter notre économie dans la bonne direction. Surtout maintenant, alors que se prépare la relance. Les gouvernements doivent montrer l’exemple pour plus de durabilité et de justice sociale, pour une économie au service de tous. Suivant les traces du projet du « Pacte vert européen », ces pouvoirs publics peuvent faire de l'investissement à impact la norme, et l'utiliser comme un instrument de transition vers un monde meilleur.
Le mot de la fin : l’argent ne doit pas être une fin en soi, mais un outil pour bâtir un monde plus juste et plus résilient. Alors ne nous résignons pas à la "nouvelle normalité", mais recherchons un changement durable.