Aussi loin qu’Amélie Guicheney s’en souvienne, elle a toujours voulu monter une entreprise. Son déclic entrepreneurial se déclenche à la naissance de son premier enfant en 2020, quand elle se rend compte que les déplacements en ville avec un enfant deviennent beaucoup plus compliqués. Entre le métro bondé et les embouteillages dans la voiture, les options sont clairement limitées.
C’est en partant de ce constat qu’Amélie a décidé de se lancer dans l’aventure GAYA, une entreprise qui commercialise des vélos électriques qui allient sécurité et robustesse, en permettant à chacune et chacun de se déplacer plus sobrement en ville. Rencontre avec une femme qui en a sous la pédale.
Le déclic du vélo
Quand Amélie a l'idée de GAYA, elle croise sur son chemin Jacques Bonneville, un spécialiste de la mobilité depuis plus de 20 ans. C’est le coup de foudre professionnel. Ils décident d’allier leurs compétences et de créer ensemble GAYA pour proposer une offre de vélos électriques qui permettent de se déplacer en solo, en duo ou en famille.
Dès le départ, Amélie et Jacques ont une conviction : la croissance du marché du cycle sera portée par le vélo-cargo électrique. Et ils ont raison. En 2023, ce segment de marché a connu une croissance de 96%. De fait, le marché du vélo électrique bénéficie d’un contexte favorable, lié à la fois à des conditions sociétales et économiques.
- Près de 70% des cyclistes réguliers utilisent ce mode de transport pour des raisons environnementales mais aussi pour des préoccupations liées à la santé et au sport.
- Le contexte inflationniste met la pression sur le prix de l’essence et incite les particuliers à délaisser leur voiture pour le vélo.
- Enfin, les infrastructures se développent dans les villes. Grâce à des politiques publiques très incitatives, les déplacements en vélo ont augmenté de 30% entre 2010 et 2018 à Paris, et de 50% à Bordeaux entre 2015 et 2019.
Des vélos plus inclusifs
L'un des objectifs principaux d’Amélie ? Remettre les femmes en selle !
Aux débuts du projet GAYA, Amélie fait un constat : les femmes prennent moins le vélo que les hommes. En cause, un premier décrochage à l’adolescence, et surtout après la première maternité.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : 4 cyclistes français sur 10 n’osent pas prendre le vélo en ville. Une peur surreprésentée chez les femmes, qui sont plus de 57% à déclarer ne pas utiliser le vélo par manque de sécurité.
Amélie nous explique que pour leur redonner confiance, il est primordial de leur apporter plus de sécurité à bord.
C'est avec cette ambition que les vélos GAYA ont été conçus : ils ont des roues plus petites qui leur confèrent stabilité et maniabilité. Leurs vélos empruntent aussi aux codes du scooter : ils sont équipés d’un grand phare, pour être plus visibles, d’un vrai klaxon pour alerter en cas d’urgence, et de clignotants.
Surtout le vélo GAYA permet de transporter toute la famille :
“Je peux emmener chaque jour à l’école mon fils de 3 ans, et même mon mari”, raconte Amélie, enceinte de son deuxième enfant et prête à enfourcher son vélo en toutes circonstances.
Enfin, le vélo GAYA se démarque des autres vélos électriques du secteur, comme par exemple les vélos cow boy, par leur forte adaptabilité pour les femmes.
Lever les freins à l’achat d’un vélo électrique
Les principaux freins qui subsistent à l’achat d’un vélo électrique sont le prix et le vol. En France, on compte un vol de vélo toutes les minutes. Pour contrer ce phénomène, les vélos GAYA sont équipés d’un traceur GPS et d’une alarme qui se déclenche en cas de vol, bloquant le moteur du vélo.
Convaincus que leur modèle de vélo électrique coche toutes les cases, Amélie et Jacques démarrent la partie opérationnelle en 2021 en lançant les premiers prototypes. Et le succès est rapidement au rendez-vous, puisqu’à l’été 2022, ils sortent un premier lot de vélos-cargos. Résultat ? ils sont tous vendus avant même d’être fabriqués.
Amélie a aussi l’idée de faire contribuer sa communauté de clients, pour créer des boucles d’amélioration rapide. Au total, plus de 5000 essais ont été réalisés dans la boutique à Paris ou via des ambassadeurs qui vendent les vélos en région. La marque se nourrit de ces retours pour démocratiser l’accès à la mobilité.
Côté accessibilité, Amélie et Jacques souhaitent proposer un vélo électrique à des prix concurrentiels, jusqu'à 30% moins cher par rapport aux autres vélos du marché.
“L’objectif est de garder un prix juste : comme 95% des acteurs du secteur, nous sourçons les matériaux en Asie, mais nous les assemblons dans notre atelier en Vendée”, ajoute Amélie.
Leur vélo cargo compact coûte 2000 euros, et le vélo cargo allongé coûte 2700 euros, soit l’un des produits les plus compétitifs du secteur.
Entreprendre au féminin
Dès les débuts de l’aventure GAYA, Amélie s’est frottée au milieu très masculin du vélo :
“J’ai dû acquérir ma crédibilité, et me battre deux fois plus que les autres. Dans ce milieu, le regard change une fois que tu as fait tes preuves”, nous raconte-t-elle.
Amélie mentionne d’ailleurs une étude du Women Equity Index, qui souligne que les boîtes tenues par des femmes (ETI et PME), sont en moyenne plus rentables que celles tenues par des hommes.
Et au début, ce n’était pas toujours facile. Dans le “couple” entrepreneurial qu’ils forment avec Jacques, Amélie nous explique qu’elle était souvent moins considérée que son acolyte.
Mais des preuves de réussite, elle en a. Amélie a remporté le Bold Futur Award, de l’entreprise Veuve Clicquot, qui récompense chaque année des entrepreneuses inspirantes.
Une reconnaissance bien méritée, puisqu’aujourd’hui, plus de 2300 vélos GAYA sont en circulation :
“Le jour où j’ai croisé un autre vélo GAYA que le mien, ça m’a fait quelque chose, je n’arrivais pas à croire qu’un inconnu puisse rouler avec un de mes vélos !”.
Pour aller plus loin
- Retrouvez Amélie Guicheney dans le podcast “Le Panier”
- Soutenez le secteur des mobilités douces, et rentrez au capital de GAYA sur LITA.co